Conférences du FEC

Véritable institution régionale dans le domaine du social, de la politique, du religieux, du culturel.

Historique et évolution

Dès l’origine du Foyer en 1925, frère Médard a dans la tête la formation de cadres sociaux et politiques au service de la justice et de la paix en Alsace. Il est alors comme hanté par les graves blessure infligées par la 1ère Guerre à ce peuple d’Alsace qui après avoir perdu son sang risque de perdre son âme. Un tel projet déborde évidemment la région et prend une envergure nationale et internationale.

L’heure est aux débats d’idées où se forgent convictions et destins. Les Conférences du FEC qui commencent à proprement parler après la deuxième Guerre ont leurs racines dans les premières Tribunes libres et les Cercles d’études organisés au Foyer avant la guerre. Quelques personnalités éminentes nourries par ces activités intellectuelles

fortes fondent les Intellectuels Chrétiens Sociaux d’Alsace en 1945. Le Groupement présidé de 1945 à 1948 par le futur Recteur Paul Imbs met en place les Conférences du FEC où se traitent les questions sociales, économiques et politiques du moment.

Les conférences sont aux couleurs du temps. Après une attention soutenue au problème de l’épuration, à la signification de la résistance puis aux enjeux de la décolonisation, le FEC plaide ouvertement pour une révolution sociale en faisant entendre la voix du P. Chaillet, de André Mandouze, de Emmanuel Mounier, du P. Loew etc. En Alsace, le FEC s’engage dans une vaste campagne pour l’habitat. Les tribunes deviennent de plus en plus politiques avec la venue de nombreux ténors en passe d’être consacrés par les scrutins électoraux : Pierre Pflimlin naturellement, mais aussi le futur Président Giscard d’Estaing, plusieurs futurs premiers ministres comme Laurent Fabius ou Michel Rocard p. ex. ainsi que presque tous les grands noms de la politique locale (Députés, Maires, Sénateurs etc.).

Les Conférences du FEC ont le privilège d’une continuité sans équivalent dans le domaine de l’animation culturelle, économique et sociale en France. La tradition s’est ainsi perpétuée de différents cycles organisés avec la même constance par l’Abbé Jean-Luc Hiebel (professeur de Droit Canonique à l’Université de Strasbourg) qui prend la succession du frère Médard après sa disparition en 1988. Les conférences, entre 15 et 20 chaque année, vulgarisent des thématiques essentielles comme «Solidarité et dépendances dans le monde», «Nouvelles donnes jusqu’à nouvel ordre», «Justice et paix, à corps et à cris», «Mondes en crise, lignes de vie : recueil», «Dans les vues et la voix de l’autre, relier le monde, apprendre à construire», invitant à la rencontre directe d’intervenants éminents, personnalités politiques, économiques, culturelles ou religieuses, très souvent universitaires et chercheurs de renom.

Aujourd’hui, les Conférences du FEC entrent dans une nouvelle dynamique en donnant aussi la parole à des jeunes chercheurs moins connus et en organisant des débats thématiques dans des Matinées. En traitant de sujets qui ne sont peu médiatisés, les conférences mettent en relief leur complexité et leur importance. Les Matinées permettent une confrontation féconde d’expériences et d’idées. Des Groupes se réunissent régulièrement au FEC pour approfondir la réflexion et stimuler l’action dans les domaines sociaux, médicaux, économiques, voire scientifiques. Jusqu’aux années 80, l’œuvre des ICS est considérable.

Après les pages inoubliables du Congrès des Loisirs qui doivent tant au Pr. Gabriel Wackermann et son épouse à partir des années 60, la recherche appliquée au terrain alsacien ne cesse plus, permettant d’année en année des rencontres et des prises de conscience vitales des forces vives administratives et civiles de la région. A travers son Groupe économique et social, le FEC est devenu une sorte de terrain propice à l’expression des oppositions et à la négociation, un lieu où on apprend à connaître l’autre et à le respecter dans sa différence, un lieu où s’ébauchent enfin les réformes nécessaires.

Ce travail de conscientisation trouve une caisse de résonance dans les Cahiers du FEC. Elan relaient ces réflexions depuis 1957 dans tous les milieux : universités bien sûr, mais aussi écoles, administrations et paroisses. A l’occasion polémique, toujours indépendante dans ses prises de position, la revue est un outil de promotion qui sait évoluer. La nouvelle maquette que lui imprime son rédacteur en chef, Etienne Troestler, laïc, aumônier universitaire au FEC depuis 1999 et directeur adjoint du FEC, constitue une première mise aux normes du Foyer au plan de la communication. Il est nommé directeur en mai 2015.

Comme le rappelle le successeur de fr. Médard, dans le sillage de Maurice Blondel, le FEC se veut aux avant-postes de la société et de l’Eglise afin d’être de «ceux qui… soignent des hommes, purifient leurs idées viciées, éclairent et complètent les leçons parfois obscures, incertaines et balbutiantes de leur âme en contact avec les dures et redressantes réalités de la vie.»

Quand on a beaucoup reçu, on peut aussi beaucoup donner.


Bibliographie

  • L’Alsace fidèle à elle-même?, Frère Médard, La nuée Bleue, Strasbourg, 1988.
  • Le FEC et les ICS, Daniel Francou, Philippe Meyer, ERCAL, Strasbourg, 1995.